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Peinture montrant un festin à la Renaissance

« Bons gueuletons » : j’arrête de me priver

Par Benoit Dauriac
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Très chers amis,

Quel est votre plat préféré ?

Moi, j’adore les lasagnes « bolognaises ».

Pour mon anniversaire chaque année, je vais acheter au marché de la bonne « chair à saucisse » et je me prépare un immense plat à gratin de lasagnes.

Rien que l’odeur me met dans une humeur incroyable.

Mais au fond de moi, une petite voix me dit toujours : « tu vas le payer cher, tu ne devrais vraiment pas… »

Peut-être que vous aussi vous vous dites la même chose quand vous vous faites « plaisir ».

Si c’est votre cas, j’ai une bonne nouvelle.

J’ai été ravi de découvrir ce mois-ci que de nombreux articles et études sur le sujet pointent tous dans la même direction :

On s’est mis toutes sortes de barrières et d’interdits pour notre santé….

Mais en réalité c’est tout le contraire qu’il faut faire !

Une étude menée sur 199 Françaises et Français1 de plus de 65 ans l’a bien montré.

Plus on augmente le facteur « plaisir », l’envie ou l’anticipation positive du repas…

Plus on réduit les risques de malnutrition, de « mal-bouffer » et surtout de voir sa santé s’effondrer.

Les chercheurs ont conclu leur rapport en 2020 ainsi :

« Cette mesure (l’indice de plaisir anticipé et plaisir de consommation), facilement applicable aux personnes âgées et vulnérables, permet une identification précoce et la prévention de la malnutrition et du déclin de la santé »

J’en parlais la semaine passée avec une diététicienne et micronutritionniste.

Et ce qu’elle m’a dit m’a poussé à creuser le sujet.

Pour faire simple :

  • Les patients à qui on interdit le chocolat vont plus souvent « s’enfiler » une tablette en 5 minutes pour combler leur frustration.
  • Les patients à qui on autorise le chocolat vont en règle générale être très raisonnables et prendre de nombreux jours pour finir une tablette.

Se mettre des interdits, c’est se créer des frustrations et donc créer davantage de tentations et de risques de « rechute ».

La réponse est simple… désespérément simple….

L’industrie des régimes et de la perte de poids fait plus de 200 MILLIARDS d’euros2

Et ça augmente d’année en année.

Et parallèlement, on publie de plus en plus d’âneries sur les régimes, les privations, les interdits…

Si vous avez déjà fait un régime vous le savez sans doute, les kilos qu’on perd reviennent souvent très vite.

Et parfois on en reprend encore PLUS.

Car les montagnes russes nutritionnelles ne sont pas du tout adaptées à notre métabolisme.

C’est bien d’avoir un peu de stabilité, ça évite l’effet Yo-Yo.

Mais cette industrie n’est pas juste néfaste parce qu’elle vous culpabilise et créé des interdits.

Non, ça va encore plus loin…

Toutes ces entreprises, du haut de leurs millions de dollars, ont réussi à RENVERSER le « sens » du repas.

Il n’y a pas si longtemps le repas, surtout en France, était un moment de partage, de convivialité.

Un moment sacré et source de plaisirs.

Peinture montrant un festin à la Renaissance

Et puis, tout a basculé.

Et aujourd’hui un repas chez certains, ça devient un vilain calcul :

Ce n’est plus :

  • Un bon bœuf bourguignon
  • Une blanquette de veau
  • Un hachis parmentier
  • Une salade de riz

C’est :

  • 101 kilocalories pour 100g de bœuf bourguignon
  • 105 kilocalories pour 100g de blanquette de veau
  • 286 kilocalories pour 100g de hachis parmentier
  • 218 kilocalories pour 100g de salade de riz

Compter chaque calorie consommée et s’assurer qu’on « dépense autant » de calories.

C’est un peu EFFRAYANT.

Pourtant…

Grand buffet où quatre personnes se servent à manger

Concrètement quels sont les avantages à manger par plaisir et non par « calcul » ?

Une meta-analyse de 119 études sur la notion de « plaisir en mangeant » devrait ouvrir les yeux des micronutritionnistes du monde entier3 :

  • 57% des études ont montré que le fait de manger « par plaisir » était « diététiquement » bon (seulement 17% des études débouchaient sur des conclusions inverses).
  • 50% ont montré que cela aidait également à avoir des portions à la taille plus adaptée (les autres 50% ne présentaient pas de conclusion sur ce sujet)
  • Et on voit également un lien direct entre le fait de manger pour le plaisir et l’absence d’état dépressif. C’est logique si on se prive de tout, on est moins heureux.

Mais alors, comment ça marche ? Pourquoi c’est bon pour nous de « céder » au plaisir ?

Tout d’abord, prendre du plaisir en mangeant sécrète de la dopamine.

C’est « lhormone du plaisir » et elle joue un rôle primordial dans votre organisme.

Elle favorise le fait de se sentir « heureux » bien entendu, mais aussi le calme, la motivation, la concentration…

Et lorsque le cerveau reçoit des signaux positifs lors des repas, associés au plaisir, c’est toute votre santé qui en bénéficie.

La conséquence la plus immédiate est sur la digestion.

Récemment, j’ai participé à un dîner un peu tendu avec un couple d’amis qui vont bientôt se séparer.

Résultat j’ai eu mal au ventre toute la soirée.

Vous avez sans doute remarqué vous aussi qu’une atmosphère négative peut « bloquer » votre digestion.

Les émotions négatives « pourrissent » votre digestion, le plaisir la rend plus FACILE.

Vous digérez mieux et vous « métabolisez » mieux, ce qui veut dire que vous allez aussi potentiellement moins prendre de poids.4

Et avoir moins de carences en nutriments essentiels que vous allez mieux absorber.

Et si vous allez mal, c’est encore plus important.

Se préparer quand on est malade la soupe de sa grand-mère ou celle que votre mère faisait quand vous étiez petit et malade peut vous faire un bien fou.5

Car la nourriture est très étroitement connectée aux souvenirs et peut activer des processus émotionnels qui peuvent aider à se sentir mieux.

Ce n’est pas pour rien qu’on parle de la « madeleine » de Proust !

Alors je vous en prie, faites-vous plaisir en mangeant, c’est bon pour vous de bien des façons.6

Bien sûr il ne faut pas tomber dans les excès.

Mais il est certain que se faire un bon repas de temps en temps et de ne pas voir le repas comme « secondaire », mais bien comme primordial peut vous faire le plus grand bien.

Et pour finir, je voudrais vous citer Socrate, repris par Molière :

« il faut manger pour vivre, et non pas vivre pour manger »

A très vite,

Benoit Dauriac.


 Sources :

1. Bailly N, Van Wymelbeke V, Maître I, Sulmont-Rossé C. The Assessment of Eating Pleasure among Older Adults: Development and Preliminary Validation of the Anticipatory and Consummatory Eating Pleasure (ACEPS). J Nutr Health Aging. 2020.

2. Globenewswire : Global Weight Loss and Weight Management Market Size/Share Worth USD 405.4 Billion by 2030 at a 6.84% CAGR: Growing obesity rate to propel market growth – Facts & Factors (Industry Trends, Revenue, Statistics, Segmentation, Report).

3. Bédard A, Lamarche PO, Grégoire LM, Trudel-Guy C, Provencher V, Desroches S, Lemieux S. Can eating pleasure be a lever for healthy eating? A systematic scoping review of eating pleasure and its links with dietary behaviors and health. PLoS One. 2020 Dec 21.

4.  Healthline : The psychology behind eating for pleasure.

5. Healthline : Get Your Vitamin P: Why Pleasure Matters When It Comes to What You Eat.

6. Bédard A, Lamarche PO, Grégoire LM, Trudel-Guy C, Provencher V, Desroches S, Lemieux S. Can eating pleasure be a lever for healthy eating? A systematic scoping review of eating pleasure and its links with dietary behaviors and health. PLoS One. 2020 Dec 21.

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Fellemans Marie. 22 mars 2024 - 9 h 48 min

Vous avez raison sur toute la ligne.Je fais du yoga donc je connais assez bien mon corps. je mange avec plaisir mais je mâche bien ,je ne pense a rien,sauf à sentir le signal que j ’ai repéré et qui me dis ,stop c’est assez. Donc j arrête, je ne suis pas une poubelle. Mon hypophise doit avoir 20 minutes de plaisir lors d’un repas.

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